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Par Dona Rodrigue le 10 Août 2012 à 19:03
Le peintre dans le jardin
Carl Spitzweg est un poète et peintre allemand romantique, né le 5 février 1808 à Unterpfaffenhoffen, quartier de Germering près de Munich (Bavière), et mort le 23 septembre 1885 à Munich. Il est considéré comme l'un des représentants majeurs de la période Biedermeier.
La mère de Carl Spitzweg, Franziska Spitzweg (née Schmutzer), était la fille d'un riche commerçant de fruits de la région de Munich. Son père, Simon Spitzweg, était du village d'Unterpfaffenhoffen, près de la ville de Fürstenfeldbruck, en Haute-Bavière. Carl Spitzweg avait deux frères. L'aîné Simon devait reprendre l'entreprise paternelle, Carl devait devenir pharmacien et le plus jeune Edouard, devait devenir médecin.
A l'âge de 11 ans, Carl perdit sa mère. Le père épousa encore la même année la sœur de son épouse défunte, Maria Kreszenz. Carl Spitzweg a terminé ses études secondaires en 1825, après avoir reçu de nombreux prix.
Passage du Dimanche 1841
Il avait suivi des études de pharmacie, de botanique et de chimie à l'université de Munich et s'installa comme pharmacien en 1832. Peignant tout d'abord par passion pendant son temps libre il décida d'en faire son activité principale à partir de 1833.
Ses tableaux s'inspirent de la vie du petit peuple, mais il peint également des paysages. Il s'était depuis 1847 lié d'amitié au peintre Moritz von Schwind qu'il admirait.
Il collabora entre 1843 à 1853 au journal Fliegenden Blätter en tant qu'humoriste et caricaturiste.
Autoportrait 1840
Carl Spitzweg parlait plusieurs langues et voyageait beaucoup, le plus souvent à pied. Il visita Paris, Londres, Prague, l'Italie et la Belgique. En 1865 pour raison de santé il cessa ses voyages et resta à Munich. Il est mort en septembre 1885 des suites d'une attaque cérébrale.
Carl Spitzweg est inhumé dans l'ancien cimetière du Sud de Munich
1880 - Art et Science
1850
Le pauvre poete 1839
Voici une œuvre que l’on connaît bien peu en France mais qui est, par delà le Rhin, presque aussi renommée que la Joconde de Vinci. Le pauvre poète (Der arme Poet) de Carl Spitzweg est une œuvre très importante dans l’histoire de l’art allemand… Commençons donc ici par une petite rétrospective afin de comprendre pourquoi.
Au début du 19ème siècle, l’Europe est marquée par le romantisme allemand. Les œuvres de peinture de l’époque mettent l’homme au centre des compositions, en harmonie avec lui-même et avec la nature ou réfugié dans un monde de sentiments intérieurs.
Ce mouvement de liberté individuelle connaît un coup d’arrêt avec le congrès de Karlsbad de 1819. Lors de ce congrès, les représentants des états allemands décidèrent de mesures répressives (censure, contrôles) afin d’endiguer les risques de révolution.
Commence alors le Biedermeier. La critique se fait plus insidieuse, moins frontale. L’œuvre de Carl Spitzweg est symbolique de cette contestation fine et détournée.
Derrière des œuvres de genre apparemment anodines, Spitzweg délivre un discours souvent très satirique sur ses contemporains. Avec Der arme Poet, Spitzweg détourne la figure jusqu’alors très idéalisée par les romantiques du pauvre poète, de l’intellectuel reclus.
Ce tableau nous dévoile l’intérieur d’une petite mansarde. Une petite cage de quelques mètres carrés dans laquelle habite un excentrique, un farfelu. Le « poète » en question se tient allongé sur un pauvre matelas. Il tient dans sa bouche une plume et regarde sa main. On a d’abord cru que l’homme tenait ainsi sa main pour déclamer des vers.
De nouvelles analyses expliquent que l’ermite est en fait en train d’écraser entre ses doigts une puce.
Le parapluie suspendu au plafond et l’emmitouflement du personnage nous indiquent que la pièce n’est pas chauffée et mal isolée. Certains éléments accentuent le ridicule du personnage : un pince-nez, un bonnet de nuit et des pages de poésie placées dans le poêle pour être brûlées.
Daumier, Poète dans la mansarde, 1842
Dans son ouvrage Daumier et l’Allemagne, Werner Hofmann compare la France et l’Allemagne au travers des œuvres de Daumier et Spitzweg sur le même thème du pauvre poète, qui était alors très souvent repris dans l’Art de l’ouest-européen.
L’analyste explique que les deux œuvres sont conformes au cliché énoncé par Stendhal qui veut que « la vie des allemands est contemplative et imaginaire, celle des français est toute de vanité et d’activités ».
En comparant Der arme Poet de Spitzweg et Poète dans la mansarde de Daumier, Hofmann explique que « le poète allemand, à l’aise dans son monde pittoresque, ne se concentre que sur la puce qu’il tient entre ses doigts. Le Français, un mélancolique furieux, contemple avec méfiance le plafond ; le texte qu’il rédige est à coup sûr un pamphlet, un libelle enflammé ».
Le pauvre poète de Spitzweg prend à contre-pieds le stéréotype romantique de l’homme conscient de sa petitesse, face à une nature toute puissante. Le personnage de Spitzweg est un peu l’anti-héros, le contre-modèle du voyageur de Friedrich.
A la place de ce rêveur grandiose au cœur d’une nature infinie, Spitzweg met en scène un individu grotesque, concentré sur le minuscule, et dont la seule perspective paysagère est le toit enneigé de la maison d’en face, qu’il ne peut apercevoir qu’au travers sa toute petite fenêtre.
http://scribouillart.wordpress.com/2008/08/26/le-pauvre-poete-carl-spitzweg/
1855
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