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    L'Art nouveau est un mouvement artistique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle qui s'appuie sur l'esthétique des lignes courbes. Né en réaction contre les dérives de l’industrialisation à outrance et la reproduction sclérosante des grands styles, c'est un mouvement soudain, rapide, mais également très bref et puissant puisqu'il connaîtra un développement international concomitant :

      

      

    L'Art Nouveau est un style qui englobe de nombreuses formes artistiques comme la peinture, verrerie, mobilier, et de l’architecture. Il est apparu au cours de la fin du 19e siècle, et a influencé l’art depuis.

    Le style, qui tire son nom du français, signifie lieterally «art nouveau».

      

      

    Belgique

    Bruxelles adopte assez tôt l'Art nouveau. La revue l'Art moderne fait siennes les conceptions de William Morris. À partir de 1893, et jusqu'en 1914, se tient annuellement à Bruxelles un salon de portée internationale, la Libre Esthétique. C'est en architecture que le mouvement prend naissance à travers deux figures dominantes : Paul Hankar, qui s'inspire à la fois de Viollet-le-Duc et de l'orientalisme (maison du Peintre), et surtout Victor Horta, véritable précurseur de l'architecture Art nouveau, qui inspirera, entre autres, le Français Hector Guimard

      

      

    Tiffany (d'après Louis Comfort Tiffany aux États-Unis),

    Les influences japonaise et néogothique sont aux origines de l'Art nouveau américain. Louis Comfort Tiffany se consacre surtout au verre de 1893 à 1900. Il connaît un grand succès avec ses abat-jour en vitrail et ses vases en verre soufflé irisé « Favrile » à motifs végétaux, puis, toujours fidèle aux lignes sinueuses, réalise des pièces de céramique, d'orfèvrerie ou de joaillerie. Louis Henry Sullivan, chef de file de l'école de Chicago, se contente de plaquer arabesques et volutes sur ses édifices, sans les intégrer à leur structure.

      

      

    Jugendstil (en Allemagne)

    L'Art nouveau fait son apparition en Allemagne assez tardivement. À Munich, en 1896, les revues Simplicissimus et Die Jugend diffusent à la fois critiques politiques et manifestes artistiques. La tendance, qui prend le nom de Jugendstil, est représentée par deux artistes séduits par les thèmes d'inspiration florale : le peintre, sculpteur et décorateur suisse Hermann Obrist ouvre à Florence, en 1892, un atelier de broderie, qu'il transfère à Munich en 1894 ; Otto Eckmann dessine des meubles, des alphabets et des ornements typographiques. C'est à Darmstadt que sera créé un véritable centre d'études, dont l'évolution conduira peu à peu au rationalisme le plus marqué. Le peintre et architecte Peter Behrens recevra dans ses ateliers des créateurs comme Gropius, Le Corbusier ou Mies van der Rohe, et sera lié, en 1919, à la création du Bauhaus. Dans le domaine du mobilier s'illustrent August Endell, Bernhard Pankok et Richard Riemerschmid. Karl Köpping quant à lui est un verrier majeur.

      

      

    Sezessionstil (en Autriche),

     

    En 1897 est fondé à Vienne, par dix-neuf artistes, le groupe de la Sezession, à la tête duquel on trouve des peintres comme Gustav Klimt. Des architectes y participeront, tel Joseph Maria Olbrich. Josef Hoffmann, tout comme Adolf Loos, fait évoluer le mouvement dans un sens radical qui élimine l'ornement et le « floralisme ».

     

    Dans le domaine de l'architecture on notera également la réalisation des stations du métro de Vienne (à partir de 1894), par Otto Wagner avant que ne se dessine une évolution importante aussi bien chez Wagner que chez ses élèves Hoffmann et Olbrich : l'architecture se dépouille à la Caisse d'épargne de Vienne (Wagner, 1904-1906), au palais Stoclet à Bruxelles (Hoffmann, 1905-1911), à la Maison des artistes de Darmstadt (Olbrich, 1901-1908), où les formes simples et les surfaces nues annonçaient déjà la phase suivante de l'architecture, comme Wagner pressentait l'urbanisme contemporain dans ses projets de villes. Même tendance aux Pays-Bas, qui pourtant ont largement diffusé les formes de l'Art nouveau, notamment par l'ameublement : la Bourse d'Amsterdam (1885-1903) de Hendrik Berlage (1856-1934) est un édifice sans ornements, avouant la brique et la charpente de fer.

     

      

    Nieuwe Kunst (aux Pays-Bas)

    Ici, ce sont davantage les arts dits mineurs qui subissent l'influence novatrice venue d'Angleterre, mais aussi de l'île de Java. L'orfèvre Jan Einsenloeffel oriente sa production vers une stylisation proche du fonctionnel. Les porcelaines de Juriaan Kok allient des formes renouvelées à des matériaux insolites. Les artisans se regroupent autour de l'association Nieuwe Kunst. Celle-ci oriente ses membres vers l'abandon du style floral au profit de motifs géométriques.

      

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    Stile Liberty (en Italie)

    En 1875, à Londres, Arthur Lasenby Liberty ouvre un magasin d'objets de décoration, et ne tarde pas à en développer le commerce sur le continent. C'est ainsi qu'en Italie le « Stile floreale » prend également le nom de « Stile Liberty ». La première Exposition internationale d'arts décoratifs se tient à Turin en 1902. Mais le Stile floreale reste très superficiel et ne bouleverse guère les habitudes artistiques. Seul l'architecte Giuseppe Sommaruga se fait remarquer, sans toutefois parvenir à s'évader du style néoclassique, comme l'atteste son palais Castiglioni (Milan, 1901), qu'il enrichit d'une ornementation souvent débordante.

      

      

    Modernismo (en Espagne)

    Barcelone est, à la fin du siècle, la capitale culturelle de l'Espagne. Le néoclassicisme florissant ne connaît qu'une exception : Antonio Gaudí y Cornet, architecte dont l'originalité a su séduire un mécène d'envergure, Eusebio Güell. Il traite la façade de la casa Milá comme un rivage où les grilles en fer forgé des fenêtres figurent des algues échouées. Son chef-d'œuvre – inachevé – reste la Sagrada Familia, église votive à la structure gothique magnifiée par des innovations audacieuses.

    Gaudí peuple d'animaux fantastiques cette sorte de concrétion minérale s'arrachant avec élan du sol. Il se consacre également au cours de sa carrière à la création d'éléments de mobilier et de pièces de ferronnerie destinés à ses propres réalisations.

      

    Ecosse

    À Glasgow, en 1895, le plus avant-gardiste des créateurs écossais, Charles Rennie Mackintosh, fonde le groupe des Quatre avec Herbert MacNair et les sœurs Margaret et Frances Macdonald. Leurs créations architecturales unissent la courbe épanouie à une structure linéaire fortement rythmée. Leurs meubles, aux tons pastel et aux formes compactes, sont toujours ornés d'une rose stylisée. Des salons de thé à l'école d'art qu'ils conçoivent, ils tentent de réconcilier fantaisie et rationalisme. Cette dernière tendance prédominera : l'ornement se verra rejeté, au profit de la structure.

    Style sapin (en Suisse)

      

      

    Style Moderne (en Russie)

      

    Le terme français « Art nouveau » s’est imposé en Grande-Bretagne, en même temps que l’anglomanie en France a répandu la forme Modern Style au début du siècle..

    Fichier:Vase Daum.jpgS'il comporte des nuances selon les pays, les critères sont communs : l'Art nouveau se caractérise par l'inventivité, la présence de rythmes, couleurs, ornementations, inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent du sensible dans le décor quotidien.

      

    C'est aussi un art total en ce sens qu'il occupe tout l'espace disponible pour mettre en place un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l'homme moderne de ce début du XXe siècle. En France, l'Art nouveau était également appelé par ses détracteurs le style nouilleen raison des formes en arabesques caractéristiques, ou encore le style métro, à cause des bouches de métro parisiennes réalisées en 1900

    par Hector Guimard.

     

    Fichier:Carafe art nouveau de wmf.jpg

    Carafe, étain et verre (c.1900), fabrique allemande WMF Württembergische Metallwarenfabrik

      

    Apparu au début des années 1890, on peut considérer qu’à partir de 1905 l'Art nouveau a déjà donné le meilleur de lui-même et que son apogée est passé.

    Avant même la Première Guerre mondiale, ce mouvement évolua vers un style plus géométrique, caractéristique du mouvement artistique qui prendra la relève :

    l'Art déco (1920-1940).

    Fichier:Tiara de Lalique - Calouste Gulbenkian.jpg

    Épingle à chapeau de René Lalique appartenant à la fondation Calouste Gulbenkian

     

     Un long cheminement pour se libérer du classicisme

     

    Espéré depuis la fin du XVIIIe siècle, la recherche d’un Art nouveau a traversé tout le XIXe siècle sous la forme d'une contestation du langage classique et de tous ses codes. Après le dernier néoclassicisme révolutionnaire, apparaît une sorte de refus de continuer. Si certains poursuivent de façon brillante comme Charles Garnier, beaucoup d’autres veulent absolument trouver une porte de sortie devant l'angoisse de rester figé dans l’imitation.

    Pour François Loyer c'est la raison fondamentale de la création d’un Art nouveau.

      

    La source est très ancienne et la thématique de l'Art nouveau se trouve déjà dans les textes des théoriciens révolutionnaires. Ainsi Claude Nicolas Ledoux est l'un des premiers à poser cette question d’un art qui ne soit pas l’imitation de quelque chose, mais qui aille plus loin en créant quelque chose de totalement original pour une civilisation nouvelle.

    On l'aperçoit aussi dans les formes les plus inattendues comme avec le retour à l’historicisme qui n'est autre qu'un moyen d’évasion.

    Gaudí, maison Battló, Barcelone

    Gaudí, maison Battló, Barcelone
    Façade de la maison Batlló (1905), à Barcelone, œuvre de l'architecte espagnol Antonio Gaud&iacut;. Style Art nouveau.
    © Zefa Pictures

      

    Les prémices de cet art sont perceptibles chez un peintre comme Johann Heinrich Füssli dont la dimension onirique de la peinture contient tout entier le thème de l’Art nouveau. De même Augustus Pugin, classé parmi les artistes de style néogothique, et qui vit en Angleterre vers 1830-50, possède une invention qui contient l’extraordinaire saturation décorative de l’Art nouveau, la liberté des formes, la puissance de la couleur, la lutte entre architecture et décor qui est l’un des grands combats artistiques de la deuxième moitié du XIXe siècle

      

    Fichier:Victor Horta Museum 03.jpg

    Horta - Bruxelles

      En étant l’un des premiers à dessiner une multitude de coquillages, fleurs, méduses, dans un but scientifique, Ernst Haeckel peut être considéré comme un autre précurseur de l’Art nouveau. Son travail a inspiré les grands lustres en forme de méduse de Constant Roux pour le musée océanographique de Monaco. Les acteurs de l’Art nouveau feront souvent référence à cette réalisation tant ce fut un choc pour eux, même si pour Haekel il ne s'agissait que de copies du réel[4]. De même, la porte monumentale de l'architecte français René Binet à l'Exposition universelle de 1900 s'inspire du travail de Haeckel.

      

      

    Les fondements théoriques de l'Art nouveau apparaissent en Grande-Bretagne, avec l'émergence de la mouvance Arts & Crafts et les thèses de William Morris, John Ruskin. Ennemis des dérives de l'industrialisation et de l'assèchement créatif qu'elle entraîne, ils prônent un retour à l'esprit des guildes médiévales, à l'étude du motif naturel, à l'emploi de formes épurées : la régénération de la société ne se fera que par la vérité des formes qui l'entourent et dont elle use.

      

    En France, le propos est plus ou moins moraliste et plus rationnel : Eugène Viollet-le-Duc ne rejette pas le matériau moderne (le fer notamment), mais veut au contraire l'afficher en lui donnant une fonction ornementale et esthétique, à la manière des structures gothiques du Moyen Âge. Paradoxalement connu comme le chef de file du mouvement Néo-gothique, Viollet-le-Duc sera l'inspirateur de nombreux architectes de l'Art nouveau. Certaines de ses œuvres, notamment ses fresques peintes au château de Roquetaillade (1850), sont de parfaits exemples du lien de filiation entre le mouvement néogothique et l'Art nouveau.

     

    Fichier:Tassel House stairway.JPG

    Intérieur de l'hôtel Tassel  

      

      

    Les débuts de l'Art nouveau

      

    En 1893 est érigé à Bruxelles, par Victor Horta, l'hôtel Tassel, considéré comme le tout premier édifice Art nouveau, où la fluidité des espaces fait écho aux courbes végétales qui investissent ferronneries, mosaïques, fresques et vitraux, éléments tant structures qu'ornements, dans la plus parfaite ligne d'Eugène Viollet-le-Duc. Horta conçoit un édifice inédit avec des meubles qui correspondent au rythme des murs et de l’architecture ; il dessine les motifs des tapis, conçoit les meubles : c'est la naissance d'un Art total.

    À la fin du XIXe siècle, les échanges artistiques s’intensifient ce qui participe à la diffusion du mouvement. À partir de 1895 les revues d’art et d’architecture sont abondamment illustrées et propagent les idées nouvelles. Le développement des moyens de communication permet aux architectes de voyager ; ainsi se tissent des liens très étroits entre Vienne et Glasgow et un architecte comme Otto Wagner recevra la visite de Charles Rennie Mackintosh. De même, des connexions s'établissent entre Bruxelles et Paris : Hector Guimard sera très influencé au cours d’un voyage qu’il a fait pour voir les architectures de Victor Horta ce qui l’amènera à intégrer certaines de ses formes dans sa propre architecture

    Fichier:Mais.Cauchie sgraf. 2e ét.JPG

    Sgraffites sur la maison Cauchie. Bruxelles, 1905

      

    L'expression « Art nouveau » est employée pour la première fois par Edmond Picard en 1894 dans la revue belge L'Art moderne pour qualifier la production artistique d'Henry van de Velde. Elle passe en France, lorsque, le 26 décembre 1895, elle devient l'enseigne de la galerie d'art de Siegfried Bing, sise 22, rue de Provence à Paris sous le nom maison de l'Art nouveau. Y exposent de grands noms des mouvances symbolistes et Art nouveau : outre van de Velde, citons Munch, Rodin, Tiffany ou encore Toulouse-Lautrec. Empruntant une voie plus solitaire, Hector Guimard fait figure de génie prolifique et isolé, créant son propre univers, le « style Guimard ».

    Klimt

    Mais c'est Nancy qui va se constituer le plus bel ensemble d'Art nouveau français, lorsque, ne souhaitant pas rester sous administration allemande après l'annexion de l'Alsace et de la Moselle en 1870, beaucoup de Lorrains annexés passent en Lorraine française. L'Art nouveau y devient le moyen d'expression d'un régionalisme revendiqué. Émile Gallé, Daum Frères, Jacques Grüber et bien d'autres, donnent une assise au mouvement en créant l'École de Nancy.

    Ces créateurs authentiques sont vite rattrapés par le succès d'une mode dont ils sont (involontairement) les inspirateurs, et qui triomphe à l'Exposition universelle de Paris en 1900, notamment dans une bimbeloterie envahissante (dénoncée par Bing et van de Velde) qui ternira pendant longtemps la mémoire de l'Art nouveau.

    Fichier:Carnegie Museum of Art - Tiffany's lamp.JPG 

    Lampe Tiffany & Co. Vers 1899-1902

      

    Une nouvelle manière de s'exprimer

    C'est à partir d'idées et d'idéaux communs que naquit l'aspiration à un style homogène qui trouverait son expression non pas dans l'uniformité, mais dans la diversité[5]. L’art nouveau contient l’acceptation des différences de genre et d’esprit entre les êtres, il procède d’une très grande générosité de pensée. Ainsi dans la même ville, Bruxelles, trois architectes de renom ont pu cohabiter : Paul Hankar, Henry van de Velde et Victor Horta. Plutôt que de s’enfermer dans un style, il y a avant tout chez les artistes la volonté de trouver de nouvelles manières de s’exprimer..

     Fichier:Tiffany Education (center).JPG

    Éducation (panneau central), vitrail de Louis Comfort Tiffany (1890)

      

    Un art de la jeunesse

     

    L’Art nouveau apparaît un peu partout au même moment. L'historien Mario Praz parlera de « déflagration », « d'explosion de la jeunesse ». Ce courant est le fait d'une génération d'artistes, souvent jeunes (Hector Guimard a moins de trente ans lorsqu'il dessine le métro parisien), et qui sortent de leur tour d'ivoire pour prendre en main le décor de la vie. L'objectif est de rompre avec l'exploitation des styles du passé afin de proposer une alternative à un historicisme officiel qui empêche le renouveau des formes.

      

    Fichier:Victor Horta Hotel Tassel.JPG

    L'hôtel Tassel construit par Victor Horta en 1893 est considéré comme

    le premier édifice Art nouveau  

      

    L’art nouveau vient en réaction à l’obligation de faire ce qui est convenable, codifié. Ainsi, la lecture de la baronne Staffe, qui a écrit un traité des bonnes mœurs pour faire l’éducation des classes moyennes, permet de mieux comprendre la société de 1900 : tout y apparaît codifié, de la longueur du voile de deuil à la carte de visite en passant par le type de chapeau…

    Ces règles seront insupportables aux artistes de la mouvance Art nouveau, tout comme celui-ci paraîtra insupportable en tant qu'art non convenu dans lequel il est impossible de se repérer par rapport aux styles et aux conventions de l’époque[2]. Dans l’art nouveau il y a liberté de jouer, de s’amuser, d’être non conventionnel : c'est un art sonore, joyeux, musical, ce n’est pas un art du silence, de l’austèr..

    Plus encore la sensualité et l’érotisme de l’art nouveau font scandale. S'il porte une charge érotique manifeste, la sensualité des formes végétales comme la sur-utilisation de l’image de la femme dans le répertoire ornemental sont intimement liés à ce sentiment de vie que les artistes cherchent à restituer dans le décor quotidien.

     

      

    Un art dans la vie

     

    Réaliser l'unité de l'art et de la vie, tel était l'objectif déclaré de l'Art nouveau[5] qui estime qu’il faut un cadre de vie qui correspond aux exigences de l’homme moderne du début du XXe siècle. Une autre problématique est de réagir contre une dérive liée à l’industrialisation à outrance et dépourvue de toute capacité d’invention. Prendre la nature comme référence, c’est alors réagir contre le rationalisme du début de l’ère industrielle, sa froide efficacité et sa morale puritaine.

      

    Fichier:Vase orchid Gallé Petit Palais OGAL00553.jpg

    Vase à décor d'orchidée. Émile Gallé, 1898.

      

    Les motifs habituellement représentés sont des fleurs, des plantes, des arbres, des insectes ou des animaux, ce qui permettait non seulement de faire entrer le beau dans les habitations, mais aussi de faire prendre conscience de l'esthétique dans la nature. Si la référence à la nature est une constante, la façon dont ces artistes vont aborder les modèles naturels varie. Émile Gallé est un artiste naturaliste qui s'inspire de la nature en la stylisant très peu, il utilise ses formes dans les décors et dans les dessins des meubles. D’autres artistes vont plus loin et restituent dans les formes qu’ils inventent ce sentiment de la sève qui circule dans le monde végétal. Naissent ainsi des formes organiques qui suggèrent plus un organisme en croissance qu’un modèle précis.

    C'est par exemple le cas de Guimard, de Gaudí et de certains artistes allemands comme August Endell qui partent de la nature pour évoluer vers un phénomène d’abstraction[2].

    Les artistes vont créer des formes originales, inédites, inventer un vocabulaire nouveau tout en tenant compte de la possibilité de les reproduire industriellement.

      

      

    C'est une réaction à la fois contre une industrialisation mal pensée, tout en intégrant cette volonté de modernité. Avec l'utilisation des matériaux nouveaux et des moyens de production modernes, un des buts poursuivis, pour lequel il a échoué, était de s’adresser au plus grand nombre.

      

      

      

    C'est dans cette optique que les anciens matériaux comme le bois, la pierre ont été élégamment mariés avec les nouveaux comme l'acier, le verre. Pour chacun d'eux, des artistes ont poussé leurs recherches à l'extrême pour en tirer le meilleur.

    C'est ainsi que les pâtes de verres multicouches, les rampes d'escalier à entrelacs de ferronneries, les meubles aux ondulations de bois ont permis de mettre l'art à disposition de tous pour un coût abordable tout en gardant une volonté d'innovation formelle, inspirée de la nature. Cet art est tout de même lié à de nombreux mécènes et se propage dans un premier temps dans un milieu élitiste bourgeois.

      

      

    L’architecture Art Nouveau et de la conception peut être vu dans de nombreuses villes du monde, peut-être le plus célèbre dans les stations de métro parisien. Rennie Mackintosh était un grand architecte Art Nouveau et designer de meubles qui ont travaillé en Ecosse et en Angleterre. Son ouvrage donne des exemples classiques du style art nouveau. Verrerie est un autre domaine important dans lequel l’Art Nouveau a prospéré, notamment dans le travail des Parisiens, Lalique et Galle, et le designer américain Louis Comfort Tiffany. Tiffany, Lalique, et d’autres également étendu le style de bijoux et de divers arts décoratifs.

      

      

    Les clients sont nombreux pour les vases Gallé dans les milieux mondains parisiens entre 1896-99. Mais très vite le succès populaire, notamment dans le domaine de l’affiche, en fait quelque chose qui manque de classe et l’Art nouveau sera assez vite assimilé à l’émergence des classes moyennes.

    Très vite dévalué, puis mis en cause par les nationalistes, il devient totalement mort dans les milieux supérieurs en quelques années.

    Au contraire, dans les classes moyennes françaises, l’Art nouveau a une très longue durée, et se prolonge jusque dans les années 1920 comme en témoigne l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925 où son influence est encore sensible


    Fichier:Art nouveau publicité galerie Samuel Bing Paris 1895.jpg

    Art nouveau, affiche de la galerie Siegfried Bing, 1895.

     

     

    La fin de de l'Art nouveau

     

    L'Art nouveau mourra de ses propres contradictions. Si son ambition était de faire entrer l'art dans toutes les maisons, il ne s'est rendu matériellement accessible qu'à la bourgeoisie, et celle-ci haïssait ses tendances novatrices. Les artistes qui voulaient revenir à la pureté de l'artisan médiéval tout en pactisant avec la machine exprimaient les contradictions d'une société à la fois séduite et effrayée par l'industrialisation.

      

    La fragile unité qui existait entre tous les créateurs n'a pas longtemps résisté : beaucoup ont brûlé ce qu'ils avaient adoré la veille. L'ornement, source de renouveau s'il prend racine dans l'observation de la nature, devient nuisible par sa prolifération. La courbe donne vie à l'immobile et au rigide, mais on l'accuse vite de masquer abusivement la structure. L'Art nouveau mal compris devient le style « nouille » : la courbe s'affadit, le détail surabonde et l'objet perd de sa pureté. Quand le mouvement disparaît au profit de l'ornement, l'esprit même de l'Art nouveau est trahi.

     

    La brièveté de la période et le mépris longtemps attaché à l'Art nouveau – les destructions d'œuvres ont été nombreuses, surtout vers 1960 – n'ont pas toujours permis de juger l'importance d'un phénomène qui ouvre la voie à la révolution artistique du XXe s.

     

    Rompant avec l'académisme, abattant les frontières entre les arts, désormais destinés au plus grand nombre, tout en affirmant le rôle essentiel de l'artiste, qui seul peut faire entrer la beauté dans la vie, les créateurs ont amorcé le débat qui sera au centre des problèmes esthétiques de notre siècle : réflexion sur la matière, sur l'environnement de l'objet d'art, sur le rôle de l'artiste dans la société moderne. Reprenant au baroque son goût de la ligne dynamique qui met en valeur la structure, les architectes et ceux que l'on appellera les « designers » ont recherché avec ardeur la vérité de la nature.

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Les lieux insolites : les façades Art Nouveau de la rue d’Abbeville

      

      

    Levez la tête et vous serez sans doute surpris par l’aspect des deux magnifiques façades au numéro 14 et 16 de la rue d’Abbeville. Elles sont parmi les plus belles façades art nouveau de la capitale, et croyez-nous, elles valent le détour !

    Très bel immeuble de la Belle Époque, construit en style Art nouveau, le numéro 14 est un immeuble de rapport à six étages construit en pierre et brique. La façade fluide de l’immeuble reçoit un abondant décor de plantes rampantes : tiges et feuilles donnent une impression florale surprenante !

    Au cinquième étage, la travée centrale forme une loggia richement ornée par des feuillages mais surtout agrémentée de figures fantastiques appelée chimères

    Le numéro 16 est un immeuble d’angle avec la rue du Faubourg-Poissonnière ; il est antérieur de deux années au numéro 14, mais avec des sculptures en pierre, représentant des femmes, couvertes d’un voile léger, au-dessus des fenêtres des salles de réception du premier étage : ces femmes, hautes de la taille d’un étage, ont un indéniable charme “Belle-Epoque.

    Profitez-en du coup pour admirer l’Eglise Saint Vincent de Paul : elle a été construite sur l’emplacement de l’ancien enclos Saint-Lazare où vivait Saint Vincent de Paul (1581-1660) et les prêtres de la Mission qui prirent ainsi le nom de Lazaristes. On dit qu’elle est la dernière grande Eglise « classique » de Paris. En outre, un square très agréable vous permettra de déguster votre sandwich lors des belles journées d’été.

    Cette Eglise à également 2 anecdotes à mentionner …Un certain Louis Braille a été l’organiste de l’église et a pu perfectionner son système d’écriture tactile pour les aveugles sur les touches de l’orgue. Et puis, l’église a souffert de la Commune, ses clochetons reçurent sept obus et son perron, plus de vingt, tous tirés du Père-Lachaise ! On imagine la portée des canons mais surtout on peut voir les traces des dégâts.

     

    Sources : article écrit par GUILLAUME, le 16 août 2011 -

    http://paris-insolite.curiocites.com/2011/08/les-lieux-insolites-les-facades-art-nouveau-de-la-rue-dabbeville/

      

      

      

      

     

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